Par un beau matin [ P.V - Kaoru ]

Mes yeux qui se posent une fois encore vers l’extérieur, vers cette fenêtre ouverte vers le monde. Je regarde les gens qui sont au dehors. Le soleil qui brille doucement comme pour faire voir qu’il est bien là. Sa douche chaleur qui caresse de par ses rayons ma peau. Je ne dis rien, je suis seule dans cette grande salle. Dans cette chambre qui petit à petit se transforme en prison à mes yeux. Mais je ne le dirais jamais. Je ne peux pas montrer que pour moi Kirei n’est pas ce que j’avais espéré. Pour beaucoup, c’est le cas, ils ont trouvé des amis et pleins de personnes avec qui s’entendre. De mon côté, j’étais toujours enfermé, toujours avec cette santé si fragile qui m’empêche de vivre comme il faut, comme je le souhaite surtout. Dehors alors j’entendis un cris. Les gens s’amusent car cette après midi il n’y a pas de cours. Ils en profitent et moi, du haut de mon perchoir tel un petit oiseau pris au piège dans sa cage doré je continue de les regarder. Je les regarde, je les envie j’aimerais tellement être auprès d’eux. Mais je sais que je ne serais jamais parmi eux. Ma santé ne pourra pas s’améliorer, et même si un tel miracle arrivait, je ne changerais pas. Je resterais cette fille au visage imperturbable. Cette enfant de porcelaine et au regard déterminé au point qu’elle semble mépriser le reste du monde. Je sais que je continuerais de me cacher derrière ce masque si cruel qui n’a pas le droit de s’effriter.

Alors doucement je me retire de cette fenêtre, je ne veux pas de ces faux espoirs. Mon regard bleuté se pose donc sur cette pièce. Je finis par laisser un sourire passer mes lèvres. Je m’approche donc tranquillement de mon armoire et je regarde les vêtements qu’elle compose. Je suis toujours en robe, mais celles-ci commencent déjà à manquer. Il va falloir que je pense à aller les laver. Je n’aime pas les buanderies, on y suffoque et je ne m’y sens jamais très bien. Cette chaleur environnante qui vous enveloppe. J’ai toujours eu l’impression que j’allais étouffer. C’est pour cette raison que chez moi, je ne faisais jamais la lessive. J’avais peur de me tromper ou pire encore que de rater ma lessive de tout simplement perdre connaissance à cause de cette chaleur insoutenable quand plusieurs machines fonctionnaient en même temps. Ainsi, en le faisant par ce beau soleil, personne ne serait présent car qui voudrait s’occuper de son linge alors qu’il peut jouer avec ses amis ? Dans mon esprit, c’était la seule solution, si j’évite le monde entier alors je n’ai aucune raison de nouveau faiblir.

Je souris, oui je suis fière de mon raisonnement qui pourtant n’a rien de bien glorieux. Mon regard se pose sur mon panier. Il ne semble pas vraiment lourd. Heureusement que la lessive se trouve là-bas. Je n’ai donc pas besoin de la porter car elle serait bien trop lourde pour moi. Je n’ai pas l’habitude de tout ça. Alors je m’avance, je marche d’un pas tranquille. Les couloir passe tranquillement, je vois les toilettes, encore un effort et m’y voilà recluse. Comme je l’avais pensé, il n’y avait personne. Alors je mets mon linge et je prépare ma lessive à faire. Je ne compte pas attendre qu’elle soit terminée pour revenir. Ce n’est pas par peur de me faire voler mes vêtements, c’est juste que je n’aime pas laisser tourner une machine sans surveillance au cas où quelque chose arriverait. Et je n’ai vraiment rien de mieux à faire. Alors une fois que le programme est réglé comme il faut je regarde autour de moi pour trouver comment m’occuper. Il fait de plus en plus chaud dans la pièce et mon regard se pose sur les murs. J’ai envie d’un peu d’air et je n’ai pour recours que de chercher une solution.

C’est alors que mon regard empli d’assurance se posa sur la fenêtre. Un peu haute je l’avoue. Je fais donc une petite moue en me demandant comment faire pour aller l’ouvrir. La réponse se fait rapidement dans l’escalade d’une chaise pas très stable et d’une bassine posée au dessus afin que je sois à la bonne hauteur. J’ouvrais la fenêtre quand la chaise et la bassine tombèrent me laissant perché en haut. Prise de panique mon seul réflexe fut de m’accrocher à la fenêtre en me mettant à hurler et fermer les yeux.

Kaoru rentrait de son cours de théâtre, il avait été très enrichissant. Pour une fois personne ne s’était disputé pour avoir tel ou tel rôle, le professeur avait été intransigeant et Kaoru avait, dans cette bonne ambiance très bien joué. Il adorait cela, aujourd’hui, il avait été tantôt l’ami proche d’un chevalier, tantôt le prétendant à une jolie dame. A chaque fois la scène se transformait en décor pittoresque et romanesque, les vêtements des protagonistes se muaient en costume et tout pouvait commencer. Echange de réplique, tirade, monologue, combat. Le ton haut et fort, le visage tordu en toutes les émotions possibles et imaginables. Et enfin la fin de la scène. On redescend en clignant des yeux. Les élèves ainsi que les alentours redeviennent eux même, certains en sont même surpris tellement ils étaient dans leur rôle. Pourtant il faut réendosser le statut d’étudiant et reprendre la vie réelle.
Et la vie réelle, pour Kaoru, c’était Harumi. Ils devaient se retrouver aux bains, au jacuzzi. Tout en y pensant avec un vague sourire aux lèvres il passa à proximité des lavabos et de la buanderie quand il entendu un cri perçant. Allons bon, quelqu’un se faisait agresser ou bien ? Il regarda sa montre et décida qu’il pouvait se permettre d’aller voir un peu.

Sans pour autant se dépêcher il se dirigea en provenance du son. Il faisait beau aujourd’hui, Kaoru préférait de loin la pluie et le temps gris. Il adorait sentir l’eau dégouliner de long de sa peau en regardant un point au loin. Après prendre une bonne douche chaude, oui c’était le mieux. La seule chose que Kaoru aimait en été, c’était les orages le soir.
Toujours en avançant, il déboucha sur la pièce en se disant que Kirei était vraiment, vraiment immense. La première année il s’était perdu plus d’une fois, entre les quatre bâtiments, les escaliers, les couloirs qui n’en finissaient pas. Kaoru avait maudit plus d’une fois l’absence de carte avec la petite indication « vous êtes ici ». Il avait pourtant finit par s’habituer et ne se perdait quasiment plus. Le seul endroit qu’il connaissait par cœur était la salle de théâtre.

Enfin il franchit la porte et resta un instant en arrêt en ne voyant personne. Son regard fureta bien vite et il vit… Une jeune fille, accrochée à une fenêtre, les yeux fermés, criant toujours. Kaoru ouvrit les yeux de surprise et il remarqua bien vite la chaise et la bassine a terre. Il comprit tout de suite le problème et un petit sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, c’était bien ballot. Il se dirigea en dessous de la demoiselle qui… Mais Kaoru la connaissait, elle faisait partit de son cours de théâtre. Elle était douée d’ailleurs et Kaoru appréciait d’autant plus jouer avec elle mais en dehors des cours ils ne se parlaient presque jamais. Profitant d’une accalmie dans les hurlements, Kaoru plaça d’une voix sans aucune méchanceté mais un tantinet ironique.

-C’est pas malin de se percher là haut, comment tu redescends maintenant ? Et c’est surtout pas la peine de hurler comme ça il n’y a pas mort d’homme.

Jamais il n’aurait osé parler de la sorte à Harumi, mais aux autres il y arrivait bien volontiers. Le simple regard de son petit copain suffisait à le faire taire ou à l’empêcher de parler ainsi. Kaoru était plutôt très sympa bien qu’un peu ironique et moqueur par moments. Il leva la tête et se mordit la lèvre inférieure en regardant en face de lui. La jeune fille était en robe et Kaoru venait de voir toute sa culotte. Heureusement qu’il n’était pas du tout attiré par les femmes sinon elle aurait pu beaucoup lui plaire.

J’étais accroché à cette fenêtre, je ne sais pas combien de temps cela faisait déjà. Peut-être pas longtemps, c’était logique si c’était le cas, jamais je n’aurais eu la force de me maintenir aussi haut pendant trop de temps. Mais, même si c’était ça, dans mon esprit les secondes semblaient des minutes. Je me tenais du mieux que je pouvais mais mes doigts commencèrent à doucement glisser. C’était logique, la fin de cette histoire serait inévitable et je tomberais comme une masse sur le sol froid de la laverie. Tout ce qui fallait espérait c’était que la chaise et la bassine ne soit pas dans la trajectoire de la chute. Si jamais c’était le cas, je ne savais pas du tout encore comment je pourrais être sur le sol. Peut-être que je n’aurais que quelques bleus, à moins que le choc sera trop violent et je risquerais plus. Ce n’était pas non plus le sommet d’une montagne. Mais il était assez haut pour propulser le corps de manière à n’atterrir que sur un membre malgré qu’on souhaiterait ne pas tomber sur celui-là. On se tord le poignet ou la cheville, et nous voilà déjà avec un plâtre. De mes lèvres ne peut sortir qu’un petit soupire, je trouve que ce n’est pas de chance. Mais en même temps je n’en ai jamais eu. Alors à quoi bon ? Des cris encore, peut-être que quelqu’un m’entendra. De l’extérieur je sens une petite brise qui caresse mon visage…. Il fait bon, il y a donc sûrement des gens qui sont en train de se promener dehors.

C’est alors qu’enfin j’entends quelqu’un derrière moi, je commence à un peu moins m’agiter, de toutes manières plus je m’agite et plus je sens mes mains qui doucement s’engourdisse. Je n’ai pas la force de me porter et mes yeux doucement se ferme en se posant contre mon bras. Je tente de tenir, je fais mon maximum, mais je sais que si cette personne ne vient pas m’aider je finirais sur le sol. Alors qu’il ait au moins la gentillesse de retirer la chaise et la bassine. J’entends au loin de son de la lessive que je suis en train de faire. Cela ne m’apparaît plus que comme un fond, une mélodie dont on imprègne doucement le rythme. La machine continue, au même titre que la vie. Et moi, seule à ma fenêtre je ne fais qu’attendre. Que cherche cette personne ? Je l’ignore, mais je n’ose même pas savoir qui c’est. Peut-être est-ce mon cousin, si c’est le cas je risque de me faire gronder, comme à chaque fois de toutes manières. Masao me fera comprendre que je ne suis pas une jeune fille qui doit faire ce genre de chose. Et j’attendrais, comme à chaque fois qu’il me sauve me rendant une nouvelle fois compte que j’étais inutile pour tous. Je ne suis qu’un poids qui doucement embête le monde autour d’elle. Je n’ai peut-être pas plus de raison d’être ici. Après tout, le monde de la scène n’a pas réellement besoin de moi…. C’est moi qui en a besoin.

C’est enfin qu’une voix s’élève. Je l’entends, je sens bien qu’on se moque de moi. Je garde les yeux fermés n’osant plus rien dire, plus regarder qui peut bien être cette personne qui se rit de moi. Je ne dis pas qu’il a tord, après tout qui ne profiterait pas de la situation pour se moquer de quelqu’un incapable d’ouvrir une fenêtre. Mais la seule chose que je peux faire, c’est me sentir triste encore une fois. Je le suis, car au fond je me suis rendue compte que j’étais une incapable. Je ne sais pas faire grand-chose dans la vie malheureusement, et je ne peux que me contenter de regarder ceux qui m’entourent pour doucement les envier. C’est mal ! Mais que me reste-t-il d’autre mis à part ça ? Même moi je me le demande souvent, qui suis-je ? Et pourquoi suis-je encore ici à faire du théâtre. Cette voix, je la connais, elle appartient à un du groupe théâtre. Un de mes camarades de classe depuis l’année dernière. J’ignore tout de lui, il joue avec moi et après quand nous redevenons des gens normaux, quand nous reprenons notre véritable personnage…C’était comme si on ne s’était jamais croisé. Nous ne nous ignorons pas, mais qu’avions-nous réellement à nous dire ? Personnellement, je n’ai rien à lui dire, comme à toutes ses personnes. Nous jouons puis nous disparaissons dans l’ombre simplement.

Mais, ce qui me surprend c’est pourquoi ne m’aide-t-il pas ? Ce n’est pas comme si il ne savait pas qui j’étais…. Il pourrait être gentil au lieu de rire. Enfin, est-ce que c’est moi qui veux croire qu’il est aimable et voudra m’aider ? Je crois bien que c’est cela, j’espère juste qu’il est ainsi sans savoir si c’est la réalité. Je m’en remets à lui, de toutes manières que puis-je faire d’autres ? C’est la seule personne présente, et s’il ne m’aide pas… personne ne m’aidera car il n’appellera pas je suppose quelqu’un pour me sortir d’affaire. Je le regarde doucement tenant encore péniblement à cette fenêtre et je ne dis rien. Je n’ose pas, j’ai peur, mais il le faut. Alors dans un petit murmure je souffle…

« Aide moi… s’il te plait… »

Midori Fuma. Un joli brin de fille qui serait presque à même à faire regretter à Kaoru d’être totalement homosexuel. Presque. Des traits fins, des cheveux mi longs à reflets bleutés un peu pâle… Il était étonnant qu’elle n’est pas de petit copain, c’était sûrement à cause de cet air froid, que lui conférait et ses yeux et le sourire qu’elle n’avait jamais. Ou que Kaoru ne lui voyait jamais. Après tout, ils ne se voyaient qu’au théâtre. Il fallait avouer qu’elle était douée. Très douée, même si elle préférait les personnages dramatiques et tristes à ceux joyeux. Et le sourire qu’elle laissait entrevoir parfois n’était pas le sien mais celui du personnage et Kaoru aurait bien aimé en voir un de son propre cru. Mais ça ne semblait pas facile. Il arrivait à Kaoru d’être fasciné quand elle montait sur scène. Ses paroles volaient tel des papillons et une certaine grâce transparaissait dans ses mouvements. Et la princesse triste qu’elle incarnait la dernière fois semblait prendre vie sous ses yeux. Kaoru espérait qu’il arrivait à donner la même impression à ceux qui le regardait jouer. Car s’il jouait pour lui, il voulait quand devenir célèbre avec ce talent.

Perdu dans ses pensées, Midori était toujours accrochée à sa fenêtre, a quelqu’un mètre du sol, il était vrai que si elle lâchait maintenant, elle se ferait mal, il suffirait qu’elle retombe mal sur sa cheville et crac, cassée. Kaoru était stupide de penser ça, enfin non, dans un sens c’était vrai, mais un peu pessimiste. Ba, de toute façon ça n’arriverait pas, bien sur qu’il n’allait pas faire volte face et la laisser dans ses problèmes, elle était dans son groupe, elle était gentille et surtout qu’elle n’avait rien fait pour mériter la quelconque haine de Kaoru. Sa phrase n’avait été qu’une gentille moquerie et il ne cherchait pas à l’ennuyer.

« Aide moi… s’il te plait… »

Une petite voix suppliante. Ooo, elle n’avait pas besoin d’en faire autant, bien sur qu’il allait l’aider, il n’était pas un monstre tout de même.

-Bien sur que je vais t’aider. Et j’espère que tu n’as pas cru le contraire. Ne lâche pas.

Kaoru redressa la chaise et monta dessus, il attrapa délicatement les hanches de Midori pour qu’elle lâche et pour la poser aussi sur la chaise. Malheureusement, il fallait croire que la chaise était vraiment branlante et abîmée. Parce qu’un pied casse net sous le poids des deux jeunes comédiens, les faisant basculer en arrière, le jeune homme échappa un cri de surprise et atterrit le premier sur le sol froid alors que Midori ne tarda pas à lui arriver dessus. Il émit un grognement de douleur, le bas du dos et le coccyx avaient soufferts. Ça lui apprendra tient, à faire le malin. Qu’est-ce qu’il devait être ridicule. Il aurait bien mérité qu’on se moque de lui. Kaoru qui essaie d’aider mais qui n’arrive qu’à se faire mal lui-même, quelle ironie. Il s’allongea et regarda le plafond.

- Pardon pour ça, ce n’était pas sensé se passer de cette manière, j’espère que tu ne t’es pas fait mal.

Ça, ça aurait été le comble du comble, essayer de descendre sa camarade qui risquait de se faire mal et lui faire mal quand même. Quel pas doué il faisait.
Le bruit de la machine à laver se fit plus fort, comme si elle se moquait de l’initiative, apparemment trop hardi du jeune brun. Ba, personne n’était mort c’était bien le principal.

» Entrainement du matin !
» Quel beau ciel ^^ Photos?...
» Hitashiin Kaoru